44èmes Régates Royales : Petite leçon de tactique en baie de Cannes
Friday 23 September 2022
Communiqué de presse - vendredi 23 septembre 2022
Les « classics » ont encore eu droit à une journée somptueuse en rade de Cannes, sous un chaud soleil et dans un vent soufflant entre 7 et 10 nœuds de secteur Sud-Est. Les Dragon ont achevé leur championnat, la victoire revenant à l’équipage portugais mené par Michaël Zainkel, devant le Suisse Dirk Oldenburg et les Français Géry Trentesaux, Jean Queveau, Christian Ponthieu et Sofian Bouvet. En 5,5 MJI, le double médaillé olympique polonais en Finn et champion du monde de Star Mateusz Kusznierewicz n’a pas fait de détails, s’imposant en gagnant cinq des sept manches lors de ce « French Open Championship ».
Les concurrents de toutes les nations aussi burinés que heureux et décontractés, n’ont cessé de féliciter spontanément et dans une ambiance bon enfant, à la fois les comités de course, et les très nombreux bénévoles, sans quoi les Régates Royales ne seraient pas le plus grand rassemblement mondial de bateaux « classics ».
Après le sublime dîner offert aux propriétaires jeudi soir à l’Ecrin Plage par Patrick Tartary l’hôte du Palm Beach, les marins ont retrouvé leurs bateaux et automatismes dans un vent plus léger que ces derniers jours, mais juste merveilleux pour régater, et où la tactique prédomine… avant de « refaire la régate » sur le quai Saint-Pierre, puis festoyer joyeusement, que ce soit avec les One tonners ou IGY gérant désormais le port de Cannes. Justement, voici un bord de près en régate vu de l’intérieur, afin de mieux appréhender à quoi ressemble le dialogue très spécifique entre barreur, tacticien et régleur lors de la manche de ce vendredi 23 septembre.
12 heures 30. Barreur : « Le comité vient d’affaler l’aperçu (*). Vont pas tarder à envoyer la procédure de départ ! » Tacticien : « Vent au 160 (*), bouée au vent à 1,8 mille. » Barreur : « On part au comité (*) ou plutôt à la bouée ? » Tacticien : « Suis partisan de partir dessous tribord amures (*) à la pin (*), puis quand on est dégagé, virer puis aller chercher du vent à droite… Quand c’est du petit ponant (le vent par beau temps entre 160 et 180 degrés à Cannes), il y a des appels, mais il faut rester plutôt centré » Régleur : « Oui d’autant qu’il y a cet énorme paquebot de croisière norvégien, mouillé au milieu du parcours. Il ne faut surtout pas aller se coller dans son dévent (*). 12 heures 45. Barreur : « Je lance. On va à la target (*) tribord amures… puis on envoie (*) » Tacticien : « On continue. Le vent semble plus à droite mais il y a plus de pression (de vent) à gauche. » Régleur : « Ado (*) à venir ! » Tacticien : « Le vent est très oscillant, avec des variations de 20 degrés de part et d’autre ».
Barreur : « Je confirme. Ce n’est pas stable du tout, mais on a une bonne carbu (*). » Tacticien : « Il croise derrière (son adversaire direct pour la victoire au classement général : ndlr). Si il est là, c’est plutôt bon signe… » Barreur : « La bouée est dans l’axe perpendiculaire du Barbier. On fait bord du cadre et on vire sur la layline (*) ? » Tacticien : « Non, c’est casse-gueule ! Je préfère que l’on se recentre et qu’on n’aille pas se fourguer dans la molle (*) près du cap de l’Aiguille. On va virer ! » Barreur : « J’ai un bon lift (*) et de l’ado ». Tacticien : « Ceux à gauche ont du refus (*). On est pas mal les gars… » Régleur : « Rise (*) à venir ! » Tacticien : « On reste là. Je sens que ça adonne en haut à droite en bordure de nuage… » Barreur : « P… C’est shifty (*) » Tacticien : « on se calme et on reste comme ça. On rentre dans le refus, puis on vire en layline (*) pour faire la marque ! » Barreur : « Ils sont où ? » Tacticien : « on a décroisé, on est bien les gars. Concentration max. A la bouée, ce sera un bear away (*). Barreur : « Et l’on se déplace en douceur, nous n’avons plus que 7 nœuds de vent… »
(*) Pour les non spécialistes de la régate, petit lexique explicatif :
Aperçu (de retard) : Flamme rouge et blanche rayée envoyée par le comité de course quand le vent ne permet pas de donner le départ dans de bonnes conditions à l’heure dite.
160 : Direction du vent. Un vent au 160 signifie qu’il souffle du Sud-Est. Un vent au 90 de l’Est, au 270 de l’Ouest, au 0 ou 360 du Nord…
Comité : Bateau se plaçant à droite de la ligne de départ face au vent et sur lequel officie le comité de course qui dirige la régate.
Tribord amures : Quand le bateau reçoit le vent de la droite. En cas de croisement, il est prioritaire par rapport à un bateau bâbord amures, et donc recevant le vent de la gauche.
Pin : Bouée de l’autre côté et à gauche du bateau comité, sachant que la ligne de départ se situe entre les deux, et est perpendiculaire à l’axe (direction) du vent.
Dévent : Zone perturbée et sans vent.
Target : Vitesse cible à atteindre, par exemple : vent 8 nœuds, vitesse 8,9 nœuds à 42 degrés du vent, le plus souvent sur un tableau dans le cockpit et visible part tout l’équipage.
Envoie : Virer de bord donc changer de direction face au vent.
Ado : Quand le vent tourne, permettant de gagner dans ce dernier par rapport à la prochaine bouée.
Carbu : Bonne vitesse et bon cap.
Molle : Zone avec moins de vent.
Lift : Période permettant de grimper dans le vent.
Rise : Risée et donc renforcement passager du vent.
Shifty : Vent peu régulier oscillant de part et d’autre de sa direction nominale.
Layline : Ligne virtuelle de part et d’autre du plan d’eau, permettant d’aller à la bouée au vent sur un même bord. Dans le jargon, on parle aussi de bords du cadre.
Refus : Quand le vent tourne, obligeant à s’écarter de la route par rapport à la prochaine bouée.
Bear away : Manœuvre consistant au passage de la bouée à s’en écarter tout en restant sur le même bord.
Les partenaires des 44èmes Régates Royales : Banque Populaire Méditerranée, Marinepoool, Département des Alpes Maritimes, et Ville de Cannes, mais aussi Lacaponton, Hôtel Martinez, Palm Beach, Palais des Festivals et des Congrès, FFVoile et IGY Vieux port de Cannes.
Classements complets
Photos libres de droit pour la presse. Crédit obligatoire Didier RAVON/YCC
44èmes Régates Royales : Petite leçon de tactique en baie de Cannes
Les « classics » ont encore eu droit à une journée somptueuse en rade de Cannes, sous un chaud soleil et dans un vent soufflant entre 7 et 10 nœuds de secteur Sud-Est. Les Dragon ont achevé leur championnat, la victoire revenant à l’équipage portugais mené par Michaël Zainkel, devant le Suisse Dirk Oldenburg et les Français Géry Trentesaux, Jean Queveau, Christian Ponthieu et Sofian Bouvet. En 5,5 MJI, le double médaillé olympique polonais en Finn et champion du monde de Star Mateusz Kusznierewicz n’a pas fait de détails, s’imposant en gagnant cinq des sept manches lors de ce « French Open Championship ».
Les concurrents de toutes les nations aussi burinés que heureux et décontractés, n’ont cessé de féliciter spontanément et dans une ambiance bon enfant, à la fois les comités de course, et les très nombreux bénévoles, sans quoi les Régates Royales ne seraient pas le plus grand rassemblement mondial de bateaux « classics ».
Après le sublime dîner offert aux propriétaires jeudi soir à l’Ecrin Plage par Patrick Tartary l’hôte du Palm Beach, les marins ont retrouvé leurs bateaux et automatismes dans un vent plus léger que ces derniers jours, mais juste merveilleux pour régater, et où la tactique prédomine… avant de « refaire la régate » sur le quai Saint-Pierre, puis festoyer joyeusement, que ce soit avec les One tonners ou IGY gérant désormais le port de Cannes. Justement, voici un bord de près en régate vu de l’intérieur, afin de mieux appréhender à quoi ressemble le dialogue très spécifique entre barreur, tacticien et régleur lors de la manche de ce vendredi 23 septembre.
12 heures 30. Barreur : « Le comité vient d’affaler l’aperçu (*). Vont pas tarder à envoyer la procédure de départ ! » Tacticien : « Vent au 160 (*), bouée au vent à 1,8 mille. » Barreur : « On part au comité (*) ou plutôt à la bouée ? » Tacticien : « Suis partisan de partir dessous tribord amures (*) à la pin (*), puis quand on est dégagé, virer puis aller chercher du vent à droite… Quand c’est du petit ponant (le vent par beau temps entre 160 et 180 degrés à Cannes), il y a des appels, mais il faut rester plutôt centré » Régleur : « Oui d’autant qu’il y a cet énorme paquebot de croisière norvégien, mouillé au milieu du parcours. Il ne faut surtout pas aller se coller dans son dévent (*). 12 heures 45. Barreur : « Je lance. On va à la target (*) tribord amures… puis on envoie (*) » Tacticien : « On continue. Le vent semble plus à droite mais il y a plus de pression (de vent) à gauche. » Régleur : « Ado (*) à venir ! » Tacticien : « Le vent est très oscillant, avec des variations de 20 degrés de part et d’autre ».
Barreur : « Je confirme. Ce n’est pas stable du tout, mais on a une bonne carbu (*). » Tacticien : « Il croise derrière (son adversaire direct pour la victoire au classement général : ndlr). Si il est là, c’est plutôt bon signe… » Barreur : « La bouée est dans l’axe perpendiculaire du Barbier. On fait bord du cadre et on vire sur la layline (*) ? » Tacticien : « Non, c’est casse-gueule ! Je préfère que l’on se recentre et qu’on n’aille pas se fourguer dans la molle (*) près du cap de l’Aiguille. On va virer ! » Barreur : « J’ai un bon lift (*) et de l’ado ». Tacticien : « Ceux à gauche ont du refus (*). On est pas mal les gars… » Régleur : « Rise (*) à venir ! » Tacticien : « On reste là. Je sens que ça adonne en haut à droite en bordure de nuage… » Barreur : « P… C’est shifty (*) » Tacticien : « on se calme et on reste comme ça. On rentre dans le refus, puis on vire en layline (*) pour faire la marque ! » Barreur : « Ils sont où ? » Tacticien : « on a décroisé, on est bien les gars. Concentration max. A la bouée, ce sera un bear away (*). Barreur : « Et l’on se déplace en douceur, nous n’avons plus que 7 nœuds de vent… »
(*) Pour les non spécialistes de la régate, petit lexique explicatif :
Aperçu (de retard) : Flamme rouge et blanche rayée envoyée par le comité de course quand le vent ne permet pas de donner le départ dans de bonnes conditions à l’heure dite.
160 : Direction du vent. Un vent au 160 signifie qu’il souffle du Sud-Est. Un vent au 90 de l’Est, au 270 de l’Ouest, au 0 ou 360 du Nord…
Comité : Bateau se plaçant à droite de la ligne de départ face au vent et sur lequel officie le comité de course qui dirige la régate.
Tribord amures : Quand le bateau reçoit le vent de la droite. En cas de croisement, il est prioritaire par rapport à un bateau bâbord amures, et donc recevant le vent de la gauche.
Pin : Bouée de l’autre côté et à gauche du bateau comité, sachant que la ligne de départ se situe entre les deux, et est perpendiculaire à l’axe (direction) du vent.
Dévent : Zone perturbée et sans vent.
Target : Vitesse cible à atteindre, par exemple : vent 8 nœuds, vitesse 8,9 nœuds à 42 degrés du vent, le plus souvent sur un tableau dans le cockpit et visible part tout l’équipage.
Envoie : Virer de bord donc changer de direction face au vent.
Ado : Quand le vent tourne, permettant de gagner dans ce dernier par rapport à la prochaine bouée.
Carbu : Bonne vitesse et bon cap.
Molle : Zone avec moins de vent.
Lift : Période permettant de grimper dans le vent.
Rise : Risée et donc renforcement passager du vent.
Shifty : Vent peu régulier oscillant de part et d’autre de sa direction nominale.
Layline : Ligne virtuelle de part et d’autre du plan d’eau, permettant d’aller à la bouée au vent sur un même bord. Dans le jargon, on parle aussi de bords du cadre.
Refus : Quand le vent tourne, obligeant à s’écarter de la route par rapport à la prochaine bouée.
Bear away : Manœuvre consistant au passage de la bouée à s’en écarter tout en restant sur le même bord.
Les partenaires des 44èmes Régates Royales : Banque Populaire Méditerranée, Marinepoool, Département des Alpes Maritimes, et Ville de Cannes, mais aussi Lacaponton, Hôtel Martinez, Palm Beach, Palais des Festivals et des Congrès, FFVoile et IGY Vieux port de Cannes.
Classements complets
Photos libres de droit pour la presse. Crédit obligatoire Didier RAVON/YCC
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